Je n'ai pas un mais des lieux de travail. Le paysage olfactif de mon environnement de travail varie donc souvent et je crois que ça définit bien mon propre rapport à mon travail de thèse ; mouvant, spontané, un peu vaporeux mais toujours en recherche d'harmonie et de cohérence. Mon salon à Lyon sent un peu le pesto en note de fond, le mélange ail-bougie basilic de la cuisine adjacente y étant pour beaucoup. La note de coeur serait celle de mon corps en habits du dimanche, un savant mix d'odeurs corporelles et de lessive. Enfin, la note de tête varierait au gré des odorants que j'utilise pour accompagner mes doigts qui pianotent sur le clavier : après une bougie aux notes épicées et chaudes, dominées par le clou de girofle, je me lie aujourd'hui d'amitié avec une bougie à l'odeur d'encens à la fois montante et réconfortante.
Quand je ne suis pas à mon bureau lyonnais, je travaille dans le train, qui m'accueille toujours avec de nouvelles compositions olfactives, plutôt sulfurées dans le Thalys, plutôt légumes cuits dans l'Eurostar, et un peu métallique-aldéhydé dans le TGV Lyon-Paris, tout cela incorporant bien sûr les aléas de la météo, des gens et de leurs éventuels casse-croûte. Les espaces de coworking ont aussi chacun leur odeur propre, avec en dénominateur commun une odeur lactée et un peu fumée-grise selon moi. Et puis, quand je travaille chez une amie qui adore les fleurs du marché, ça peut sentir le tapis humide et le mimosa, ou bien ça sent le vieux bouquin, une odeur un peu roussie, un peu balsamique, quand je m'installe à la table d'une bibliothèque...
Bref, j'aime que mon environnement de travail soit pluriel et colore un peu mon énergie, tout en me permettant d'y plaquer mes ressentis et mes harmonies olfactives.